Conférence du Conseil pour le développement durable
Discours de la Chancelière Angela Merkel
29. Mai 2017. Berlin

Les principales révolutions économiques se produisent lorsque les nouvelles technologies de communication convergent avec de nouveaux systèmes d’énergies. Notre économie est engagée dans une nouvelle révolution industrielle et voit ses modèles centralisés remis en cause sous l’effet conjugué de la révolution numérique et de la transition énergétique. Cette transformation implique de développer de nouveaux modes d’organisation, de trouver de nouveaux relais de croissance et de nouveaux marchés. Pour permettre à l’économie européenne d’orienter sa transformation durable et digitale, il est nécessaire d’investir dans l’innovation.

Les villes représentent plus 70% des émissions de CO2. (1) Principale menace pour la planète, elles sont également le lieu où s’élaborent les solutions innovantes, appelées à révolutionner les secteurs de l’énergie, des transports, de la gestion de l’eau ou des déchets. En renforçant l’efficacité énergétique des bâtiments, en développant de nouvelles formes de mobilité ou en créant les circuits électriques intelligents, de nombreuses villes européennes traduisent le concept de Smart City dans la réalité. L’introduction en milieux urbain de nouvelles technologies liées à l’environnement reste pourtant un processus de long terme, nécessitant des outils adaptés pour son financement.

Les mutations impliquées par la révolution numérique et la transition énergétique n’impactent pas seulement les villes, mais également les entreprises qui agissent en milieu urbain. La première génération de villes intelligentes se caractérise en effet par la présence d’opérateurs historiques (Veolia, Vinci, Bouygues, Engie), intervenant dans l’optimisation des process et des flux pour améliorer l’efficacité de services proposés par les collectivités. Dans ce modèle traditionnel, les acteurs européens ont su défendre leur position.

Le fonds d’innovation Smart City ALHAMBRA est une réponse européenne aux enjeux de la transition écologique. Son champs d’action est circonscrit aux entreprises développant des solutions innovantes dans les domaines stratégiques de l’éco-mobilité, de la transition énergétique (smart grids, domotique, smart building) et de l’économie circulaire, contribuant ainsi à réduire les émissions de CO2 et à optimiser la gestion des ressources en milieu urbain.

L’expérience montre que les entreprises concernées rencontrent des difficultés dans la phase de pré-industrialisation (early stage); le fonds cible donc des Start-up initiant leur phase de déploiement et dont les besoins de financement sont compris entre 2 et 4 Millions d’euros.

Face à l’essoufflement du projet européen exprimé par le Brexit et le succès des partis euro-sceptiques, il revient à la France et à l’Allemagne de réactiver l’ambition européenne en proposant des initiatives communes, pragmatiques et concrètes. Le fonds d’innovation Smart City est une initiative franco-allemande à vocation européenne : les entreprises ciblées sont actives sur tout le continent et d’autres Etats membres pourront décider de prendre part au fonds. Il s’agit bien d’un initiative commune, en faveur d’une croissance européenne respectueuse de l’environnement et créatrice d’emplois.

Le dimension franco-allemande du fonds se retrouve au niveau de son financement. Le fonds est porté par un partenariat public-privé fédérant les financements d’acteurs présents de part et d’autre du Rhin. Du point de vue des investisseurs publics, la participation de la CDC, de la BPI, de la KfW ainsi que celle de différentes régions ou Länder allemands est envisagée. Du point de vue des investisseurs privés, une participation des grandes entreprises du secteur est incontournable (EDF, Enedis, Veolia, Engie, Eon, Siemens, Valeo, Bosch, SAP notamment).